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Le lobby de l'immobilier veut interdire les ventes de particulier à particulier

Deux députés socialistes suggèrent de limiter les ventes sans passer par les agences.«je ne sais pas d'où est parti le coup, mais c'est sûr qu'il y a quelqu'un derrière tout ça. en tout cas ce n'est pas nous.» ainsi parle le directeur d'un réseau immobilier, interrogé par libération au sujet de deux questions d'actualité très curieuses, posées par deux parlementaires socialistes. tour à tour, les députés ps sylviane bulteau et jacques cresta ont posé, à une semaine d'intervalle et dans des termes absolument identiques, une question au gouvernement, stigmatisant les ventes de logements réalisées entre particuliers sans passer par les fourches caudines des agents immobiliers.
fisc. les deux parlementaires prétextent de l'apparition de «certains sites d'annonces gratuites», pour déplorer «la concurrence» «tout à fait déloyale» faite aux professionnels de l'immobilier . «un marché parallèle de l'immobilier» s'est installé, prétendent-ils. comme si vendre par ses propres moyens un logement constituait un acte illégal. leur argumentaire, favorable aux milieux de l'immobilier, est développé, sous couvert de non rentrées fiscales.
«l'argument de pertes de recettes de tva n'est absolument pas recevable», tranche david rodrigues, juriste à clcv (consommation, logement et cadre de vie), une association de consommateurs. «quand je change un joint chez moi sans recourir à un plombier, c'est une perte de tva pour l'etat», ironise-t-il. «va-t-on m'imposer de passer par un garagiste pour vendre ma voiture ou de passer par un jardinier pour tondre ma pelouse», poursuit-il.
l'argumentaire développé dans les questions des deux députés - publiées au journal officiel les 21 et 28 octobre - surprend jusque dans les rangs du groupe ps. «le fait qu'elles soient rédigées dans des termes absolument identiques veut dire qu'elles n'ont pas été écrites par leurs auteurs», considère un député socialiste.
tout ceci n'est pas très surprenant, laisse-t-on entendre à la clcv. «depuis quelque temps, il y a un lobbying des professionnels de l'immobilier pour tenter d'imposer un recours obligatoire à leurs services», souligne david rodrigues . il ne croit pas si bien dire. un communiqué publié mardi par capi france, un réseau de 7 000 mandataires immobiliers, propose carrément de réfléchir à l'idée de «rendre obligatoire les intermédiaires immobiliers». si on veut vendre sa maison, il faudrait donc passer par l'agent immobilier. rien de moins. les affaires seraient effectivement plus faciles si les gens n'avaient d'autre choix que de passer par des intermédiaires.
honoraires.«au-delà des aspects positifs de la profession [d'agent immoblier], il y a un intérêt clair pour le consommateur», ose le communiqué de capi-france. laissant entrevoir une baisse des honoraires des professionnels. baisse ou pas baisse, il faudra quand même passer à la caisse.«hors de question !» tranche david rodrigues. aux deux parlementaires qui pointent un site [leboncoin, ndlr] «qui propose environ 260 000 annonces» pour mieux enfoncer le clou contre les ventes entre particuliers, le juriste fait observer «qu'une bonne partie des annonces publiées sur ce site est le fait de professionnels de l'immobilier !» il convient aussi de rappeler qu'avant internet, les particuliers passaient des annonces dans la presse écrite. libération a tenté de joindre par téléphone à l'assemblée et par mail, les deux parlementaires. sans succès.
aucun ministre n'a répondu à ce jour à leurs questions. bercy et la ministre du logement, sylvia pinel, se renvoient la balle. pendant ce temps les lobbys dansent.

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